l’horrible attentat commis contre Charlie-Hebdo interroge sans aucun
doute le sens que chaque enseignant donne à son métier. Les réactions de nos
élèves ont témoigné des mêmes stupéfaction et douleur que les nôtres : autant
dire de valeurs partagées. Pourtant une impression de ratage quelque part
subsiste : comment expliquer que sortent du système scolaire des jeunes capables
d’actes aussi contraires à ses finalités ? comment admettre que dans certaines
classes on ait pu entendre dès le lendemain de la tuerie sinon des
justifications, du moins des circonstances atténuantes ? C’est bien entendu que
certains considèreront toujours la raison comme un dangereux adversaire. C’est
aussi que la société française, et l’Ecole avec elle, continue à exercer un
terrible pouvoir d’exclusion et à susciter à son tour le rejet. Mais c’est sans
doute qu’il reste une compétence à mieux enseigner : l’esprit de dérision, celui
qu’incarne si bien Charlie-Hebdo, celui que d’aucuns assimilent à la France,
celle de Villon, de Rabelais, de Voltaire ou de Desproges.
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